Le Parlement européen a adopté le 21 octobre 2025 une réforme majeure du permis de conduire. Objectif : renforcer la sécurité routière, harmoniser les pratiques au sein de l'Union européenne et lutter contre l'impunité des conducteurs en infraction à l'étranger. D'ici 2030, plusieurs changements importants vont s'appliquer en France : renouvellement obligatoire tous les 15 ans, visite médicale ou auto-évaluation, dématérialisation du document, nouvelles règles pour les jeunes conducteurs...
Un permis limité dans le temps, avec contrôle médical obligatoire
La réforme met fin au permis de conduire à vie. Désormais, la validité administrative des permis voiture et moto est fixée à 15 ans maximum dans toute l'Union européenne. Les États membres pourront réduire cette durée à 10 ans s'ils utilisent le permis comme pièce d'identité, ce qui est le cas en France.
Pour les conducteurs de plus de 65 ans, cette validité pourra être raccourcie afin de renforcer la surveillance médicale de leur aptitude à conduire.
Autre mesure phare : l'obligation d'un contrôle médical ou d'une alternative pour renouveler ou obtenir le permis. Chaque pays reste libre d'appliquer un entretien d'auto-évaluation à la place d'un examen médical classique. Il pourrait s'agir d'un questionnaire de santé standardisé, rempli par le conducteur et portant sur la vision, l'audition, la mobilité ou encore l'état cardiovasculaire.
Certains États, dont la France, disposent de trois ans pour intégrer ces mesures dans leur législation. Ils ne pourront toutefois pas supprimer complètement la date de validité ni le principe de contrôle médical.
Des associations, comme 40 millions d'automobilistes, dénoncent cette réforme : "Apposer une date de péremption sur le permis reviendrait à fragiliser inutilement un droit fondamental", a réagi Pierre Chasseray, son délégué général.
À l'inverse, la Ligue des Conducteurs salue la possibilité de passer par une auto-évaluation. "Nous avons obtenu que l'Europe valide le principe de mesures alternatives [...]. Mais nous restons vigilants", précise-t-elle dans un communiqué.
Dématérialisation, examen renforcé et encadrement des jeunes conducteurs
La réforme prévoit aussi l'accélération de la dématérialisation du permis de conduire. À terme, le format numérique sur smartphone deviendra la norme dans toute l'Union européenne. Ceux qui le souhaitent pourront toujours demander un permis au format carte physique. Les anciens permis roses cartonnés devront donc défiitivement disparaître d'ici le 20 janvier 2033.
Bon à savoir :
En France, il est déjà possible de demander un nouveau permis en ligne via le site de l'ANTS.
L'examen du permis évolue également : il devra désormais intégrer des volets spécifiques à la sécurité des usagers vulnérables, comme les piétons ou les cyclistes. Les futurs conducteurs seront davantage sensibilisés aux angles morts, à l'ouverture des portières ou encore aux risques liés au téléphone au volant.
Concernant les jeunes, plusieurs mesures s'appliqueront dans toute l'UE :
- la conduite accompagnée sera possible dès 17 ans, pour les voitures comme pour les motos ;
- une période probatoire de deux ans sera instaurée pour tous les nouveaux titulaires du permis. Pendant cette période, les règles seront plus strictes, notamment concernant l'alcoolémie ou les sanctions en cas d'infraction.
Ces dispositions complètent celles déjà en place en France, où les jeunes conducteurs disposent d'un capital de 6 points au départ, avec des limitations de vitesse spécifiques et un taux d'alcoolémie abaissé à 0,2 g/L de sang.
Suspension de permis reconnue dans toute l'Europe
Jusqu'à présent, un conducteur sanctionné dans un pays européen pouvait continuer à conduire dans un autre. Ce sera bientôt terminé. La réforme prévoit qu'un retrait de permis dans un État membre s'appliquera automatiquement à l'ensemble de l'UE.
Actuellement, près de 40 % des automobilistes sanctionnés dans un autre pays restent impunis, selon Matteo Ricci, rapporteur du texte. "Un automobiliste qui perdra son permis dans un pays européen pour une infraction grave ne pourra plus conduire dans aucun autre État membre", a-t-il précisé au Parlement.
Pour garantir l'application de cette mesure, le partage d'informations entre les autorités nationales sera renforcé. Ce dispositif s'inscrit dans une logique de sécurité renforcée : en 2024, près de 20 000 personnes ont perdu la vie sur les routes de l'UE.
La rédaction d'Assurland